Doris Lessing, Le Rêve le plus doux
Posted on vendredi, décembre 19th, 2008 at 8:00Doris Lessing, prix Nobel de littérature 2007, nous livre avec Le Rêve le plus doux la saga d’une famille anglaise pas comme les autres, entre les années 1960 et aujourd’hui. C’est l’histoire de Julia, la vieille mère de Johny, Frances, sa femme, puis de Sylvia, fille d’une femme de Johny. L’histoire de trois femmes extraordinaires, toutes marquées par le malheur et la souffrance mais qui, par leur générosité, rêvent de faire un monde meilleur.
L’histoire gravite autour de l’ombre menaçante du père, Johny, qui a épousé la cause communiste, a renié ses racines bourgeoises (mais pas l’argent de sa mère, qu’il vient réclamer régulièrement), avant d’abandonner ses deux jeunes fils et sa femme au motif qu’elle n’est pas suffisamment dévouée au Parti. Julia et Frances créent alors un havre de liberté pour une multitude d’enfants et adolescents perdus ou révoltés contre leur propre famille.
Lorsque tous les enfants prennent leur indépendance, profondément influencés par leur expérience commune, ils se sont tous positionnés par rapport au marxisme, à son militantisme en Afrique et certains d’entre eux se retrouvent en Zimlie (pays imaginaire mais qui ressemble à s’y méprendre au Zimbabwe). Sylvia a repris un dispensaire en pleine brousse et se trouve confrontée au détournement de l’aide humanitaire, à la corruption du pouvoir alors même qu’elle a vécu avec un des ministres chez Julia.
Ce roman est en réalité le troisième tome maquillé de l’autobiographie de Doris Lessing. Avec une manière unique de raconter son époque, elle se révèle un témoin inestimable de l’histoire, qui propose une analyse pointue et sans concessions de l’évolution sociale des années 1960 et 1970, du communisme, du féminisme, de la prise du pouvoir par des dirigeants noirs en Afrique.
C’est un bijou qui ne peut pas laisser indifférent et dont on referme avec difficulté la dernière page.